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vendredi 12 mars 2010

MUSICIENS, MAIS AUSSI VOLTIGEURS ET... MAGICIENS!

J’écris aujourd'hui pour dénoncer une situation qui me semble scandaleuse : l’Université de Montréal renouvellerait la convention collective de ses chargées et chargés de cours, mais en accroissant la vulnérabilité des accompagnateurs, accompagnatrices et coachs vocaux de la Faculté de musique. L’Université s’entête à ne pas vouloir reconnaître la valeur du travail de cette catégorie de personnel enseignant alors même que le commissaire de la Commission des relations de travail du Québec a approuvé leur accréditation avec le Syndicat des chargées et chargés de cours de l'Université de Montréal, en 2004, et que la fusion des accréditations est effective depuis 2008.

J'ai plusieurs amis parmi ces instrumentistes chevronnés. Compte tenu des mandats qu’ils remplissent, croyez-moi, le moins qu’on puisse dire c'est qu’ils ne chôment pas pour gagner la portion congrue de leurs revenus!

Sachez en effet que ces personnes, qui exercent le métier d’artiste-musicien à part entière, ne sauraient être remplacées par le professeur d’instrument – qui, lui, est payé comme un « professeur ». Elles le secondent dans certains aspects, certes, mais elles offrent aussi un apport unique aux étudiants à bien d'autres égards. Sans ce corps de métier, la Faculté de musique ne fonctionnerait pas. Ce sont des centaines d’étudiants qui n’obtiendraient pas les diplômes de qualité qui sont les leurs actuellement. C’est aussi simple que cela.

D'abord, ces artistes-musiciens doivent maîtriser leur instrument, ce qui requiert des heures de pratique quotidienne, on s’entend. Ensuite, ils doivent connaître ce qu’on appelle le répertoire, c’est-à-dire des centaines de pièces de musique écrites au cours des cinq derniers siècles – non seulement les partitions, mais aussi le contexte historique et musical dans lesquelles les oeuvres ont été créées. Ils doivent posséder sur le bout des doigts les œuvres choisies par les étudiantes et étudiants au sein de ce répertoire, et donc les travailler de longues heures. On parle ici, en moyenne, d’une soixantaine de morceaux chaque année, qui varient d'une année sur l’autre, et qui seront joués en concert ou en récital d’examen. Pour ce faire, non seulement les accompagnateurs, accompagnatrices et coachs vocaux offrent un soutien incontournable aux professeurs d’instrument en cours particuliers et en classes de maître, mais ils accompagnent aussi les étudiants instrumentistes et les chanteurs en répétitions individuelles.

Dans toutes ces circonstances, on attend d’eux le meilleur : qu’ils jouent comme des concertistes sur une scène publique.

Pourtant, ils sont rémunérés à environ 60 $ / h, et uniquement pour les heures passées en présence des professeurs et des étudiants, pas pour toutes les heures de préparation qui précèdent. Vous me direz, c'est mieux que les 20 $ qu’ils touchaient avant 2004, quand ils avaient le statut de « surnuméraires sur appel à temps partiel ». Franchement, entre vous et moi, même aujourd’hui, ils ne peuvent générer guère plus que 20 000 $ / an puisqu’ils sont limités à 330 heures payées par l’Université. 330 heures qui en demandent facilement le triple en préparation – et c’est sans compter les déplacements…

Car pour compliquer la situation, le manque d’organisation dans l'attribution de leurs mandats est tel qu’ils sont soumis à de multiples changements de dernière minute et que leur emploi du temps est constamment bouleversé. Réussir à le combiner avec des contrats hors université et avoir une vie de famille relève de la haute voltige!

Alors, peut-on m'expliquer comment il se fait que des musiciens et des enseignants non traditionnels hors pair, dont le travail évalué par les étudiants atteint une note moyenne de 3,7 sur 4, doivent supporter un tel mépris de la part de leur employeur? Quand on sait que leurs homologues en cégeps et conservatoires du Québec sont payés, eux, comme des professeurs et qu’ils bénéficient d’un emploi du temps réaliste tenant compte à la fois des heures de représentation et des heures de travail à la maison, on peut sérieusement se poser des questions.

Allez donc les écouter quand ils sont en concert avec les étudiants qu’ils contribuent à former. Vous trouverez leur programmation sur http://www.musique.umontreal.ca/

De musicien à magicien, il n’y a qu’un pas. Il vaudrait mieux, pour nous tous, que cette magie relève de l’enchantement musical plutôt que du sacrifice – le mot n'est pas trop fort – de gens généreux et talentueux.

Catherine Lassure